mercredi 19 septembre 2007

The Who


The Who (en français, littéralement, "les Qui") est un groupe de rock britannique créé en 1964. Considéré comme l'un des symboles des années 1960, The Who a eu une influence majeure sur la musique rock dans son ensemble. On lui doit notamment les chansons My Generation et Won't Get Fooled Again.

Pratiquant au départ un rock'n'roll explosif que l'on désigne sous le terme de Maximum R'n'B et qui annonçait le mouvement punk, The Who est le pionnier de nombreux autres styles, dont une musique rock davantage réfléchie et influencée par l'art en général, tels que les opéras rock.

Dans les années 2000, le groupe est toujours actif.

Il n'y a eu dans l'histoire du groupe que 4 membres officiels :

* Roger Daltrey (né Roger Harry Daltrey) (Londres, 1er mars 1944 - ) : chant, harmonica (membre depuis 1963)
* Pete Townshend (né Peter Dennis Blandford Townshend) (Londres, 19 mai 1945 - ) : guitares, chant (membre depuis 1962)
* John Entwistle (né John Alec Entwistle) (Londres, 9 octobre 1944 - Las Vegas, 27 juin 2002) : guitare basse, cuivres, chant (membre de 1962 à 2002)
* Keith Moon (né Keith John Moon) (Londres, 23 août 1946 - Londres, 7 septembre 1978) : batterie, percussions (membre de 1964 à 1978)


La préhistoire des Who commence en 1961, lorsque Pete Townshend entre à l'école d'art d'Ealing, où il crée avec son ami John Entwistle un groupe de jazz dixieland, The Confederates. Pete y tient le banjo, dont il joue, en plus de la guitare, depuis l'âge de 12 ans, tandis que John, plus éduqué musicalement, joue du Cor français. Ils jouent par la suite tous deux dans The Aristocrats et The Scorpions. Impressionné par la maîtrise instrumentale de John Entwistle, le petit, musclé et impulsif Roger Daltrey, étudiant et ouvrier métallurgiste à ses heures, l'invite à quitter The Scorpions pour rejoindre son groupe de skiffle, The Detours, dont il est le guitariste solo. Townshend, poussé par son ami Entwistle, rejoint lui aussi le groupe peu après en tant que guitariste.

Les futurs Who se consacrent au Rhythm and Blues, et sont rejoints en 1964 par le batteur Keith Moon. La formation historique est au complet, et le groupe rebaptisé The Who, dans un souci, dit-on, de trouver un nom plus court[1]. Il change encore brièvement de nom, fin 1964, pour The High Numbers sous l'influence de leur manager Peter Meaden. Meaden promptement viré, le groupe recouvre le nom de The Who et engage deux nouveaux managers, Kit Lambert et Chris Stamp.

À cette époque, les Who sont associés au mouvement mods, alors même qu'ils n'en ont jamais vraiment fait partie. Vêtus de manière sophistiquée comme les mods, ils pratiquent une musique qui fait le lien entre la musique noire, très prisée de ces derniers, et le rock and roll de leurs ennemis les rockers. Townshend raconte que de la fenêtre d'un hôtel, il a vu un groupe de Mods coincer deux rockers et leur jeter des bouteilles : « Je me suis senti soudain une sorte de pouvoir. Je me suis dit : Ce sont ces gens-là qui viennent écouter notre musique ? ».


Pete Townshend s'installe rapidement comme le personnage central du groupe : ses talents de compositeur et de parolier assurent au groupe ses grands succès, et cela tout au long de sa carrière. La plume de Townshend est pourtant très introspective : la voix de Roger Daltrey permet de diffuser ses propres sentiments et angoisses. Seul John Entwistle pouvait rivaliser en terme d'écriture avec le guitariste. Adepte du cynisme et de l'humour noir, le bassiste écrit et compose une vingtaine de morceaux pour le groupe.

C'est en 1965 que les Who décrochent leur premier hit avec I Can't Explain, une chanson à propos de la difficulté de communiquer de Townshend. Le guitariste a écrit cette chanson, écrite dans un style proche des compositions qu'enregistrent les Kinks, dans l'espoir de convaincre leur producteur, Shel Talmy. Le titre plait à Talmy qui les fait signer avec sa maison de production. Sorti en janvier 1965, le disque ne marche pas jusqu'à ce que le groupe fasse une apparition dans le show télévisé Ready Steady Go!, une émission qui aida à lancer les Who. D'ailleurs, le groupe lui rendit hommage à travers le titre de leur EP Ready Steady Who en 1966[2].

Après ce premier succès, les Who sortent rapidement Anyway, Anyhow, Anywhere, morceau plus pop qui sera le seul jamais composé en commun par Townshend et Daltrey.

La même année sort, produit par Shel Talmy, My Generation, premier album du groupe qui contient de nombreux singles, tels le morceau éponyme où Townshend clame, par la voix de Daltrey, qu'il espère « mourir avant d'être vieux » (« I hope I die before I get old »)[3]. Certains y voient l'origine du mouvement punk. Mais les paroles ne sont pas le seul intérêt du morceau : le guitariste y fait également l'une des premières utilisations enregistrées du feedback et un duo avec Entwistle qui contient des lignes de basse d'une virtuosité jamais entendue à l'époque.

En 1966 sort le single Substitute, qui sera censuré à la radio à cause de lignes comme « I look all white but my dad was black » (« Je parais tout blanc mais mon père était noir »)[4].

Malgré le succès des productions de Shel Talmy (I Can't Explain, Anyway, Anyhow, Anywhere et My Generation), les managers du groupe, Kit Lambert et Chris Stamp, jugent le contrat liant les Who à Talmy trop peu avantageux. Ils s'en délient et signent donc chez Reaction, du groupe Polydor. Après un procès engagé et gagné par Talmy, le groupe lui verse des royalties jusqu'à la sortie de Tommy en 1969[5].

Mais Townshend voit plus loin : à l'image des Beatles, il veut expérimenter davantage dans sa musique et réaliser de véritables albums, cohérents et ambitieux. En 1966, le groupe sort l'album A Quick One, dont la chanson éponyme, qui comporte plusieurs parties distinctes, a été considérée depuis, à la lumière des travaux suivants du groupe, comme un « mini-opéra rock ».

En 1967 sort le single I Can See for Miles, 45 tours le plus vendu de leur histoire. Il est introduit dans le troisième album des Who, The Who Sell Out (« Les Who se vendent »), concept-album qui se présente sous la forme d'une émission de radio, avec jingles et publicités parodiques composées et interprétées par le groupe.

En 1968, ils participent au Rock and Roll Circus avec les Rolling Stones, John Lennon, Eric Clapton et plusieurs autres. Ils y jouent A Quick One While He's Away. La même année sort le très populaire Magic Bus, un single écrit deux ans plus tôt.

À la fin des sixties, la popularité du groupe grandit, et les plateaux de télévision et les lives se multiplient.

En Septembre 1968, Pete Townshend donne une interview au magazine Rolling Stone[6], annonçant son intention de sortir un véritable opéra rock. Il tient parole l'année suivante avec Tommy, qui, s'il n'est pas le premier — cet honneur revient aux Pretty Things - SF Sorrow —, reste l'opéra rock le plus célèbre à ce jour. Métaphore des difficultés de l'enfance de Townshend, Tommy raconte l'histoire d'un jeune enfant sourd, muet et aveugle à cause d'un secret qu'il ne doit avouer à personne : le meurtre de son beau-père par son père biologique (revenu de guerre après des années)[7]. À sa sortie en mai 1969, Tommy est reçu avec enthousiasme par les fans mais avec plus de scepticisme par les non-initiés. Néanmoins, grâce à ses hits Pinball Wizard ou Amazing Journey, le concept-album élargit son public. En avril 1970, les Who présentent Tommy dans sa totalité sur scène au New York Metropolitan Opera House. La version théâtrale de l'oeuvre, lancée par Lou Reizner, est jouée en décembre 1971 au Rainbow Theatre de Londres. Une version légèrement différente de ces concerts enregistrée avec la participation de Ringo Starr, Peter Sellers et l'orchestre symphonique de Londres, sortit d'ailleurs sur Ode Records en 1972[8]. Au final, Tommy propulse le groupe au rang de superstars dans le monde entier, encourageant Townshend à se lancer dans un projet plus ambitieux encore.

C'est dans cette perspective que Pete Townshend écrit et compose la chanson Pure and Easy, ce qui devait être le « pivot central » d'un très prometteur projet sur lequel les Who s'attellent : le projet Lifehouse, un concept assez obscur de disque-concert-show radiophonique basé sur une collaboration active entre les Who et leur public. L'histoire est située dans un avenir où seul le rock peut sauver le monde. Mais le concept est trop ambitieux et échoue à mi-chemin. Les Who ont néanmoins enregistré suffisamment de morceaux pour sortir un album, Who's Next, qui est encore un énorme succès. Fondé en grande partie sur l'utilisation de la dernière invention en date en matière d'instruments de musique, le synthétiseur, Who's Next est le premier album rock à contenir des pistes électroniques préprogrammées qui, contre toute attente, s'intègrent parfaitement bien à la musique des Who. On y retrouve les très populaires Behind Blue Eyes et Won't Get Fooled Again. cet album surpasse Tommy en succès et, de l'avis de la critique, en richesse et inventivité[9].

Avec l'album suivant, Quadrophenia, en 1973, les Who reviennent avec succès à l'opéra rock. Ce disque raconte les tribulations d'un jeune mod, Jimmy, souffrant d'un quadruplement de personnalité (une « quadrophénie », même si le terme est inexact, on devrait plutôt dire « tétraphénie »). Chacune de ses personnalités correspond à un membre du groupe et à un thème musical. L'histoire de Jimmy s'inscrit dans un fond de tensions entre Mods et Rockers, dans l'Angleterre du début des années 1960. L'album, si son succès commercial est inférieur à celui de Tommy, est pourtant plus riche musicalement, avec des claviers et des guitares qui s'interpénètrent parfaitement.

La même année, des mésententes sérieuses entre Pete Townshend, Kit Lambert et Chris Stamp entraînent le remplacement des deux managers par leur assistant, Bill Curbishley.

Après Odds and Sods, une compilation de faces B sortie en 1974, les Who enregistrent en 1975 un nouvel album, The Who By Numbers. Sans le moindre synthétiseur, ce disque est considéré comme le plus « sombre » et personnel de Pete Townshend. Selon les mots d'un journaliste, Townshend, alors en pleine dépression, malmené par sa consommation de drogues et d'alcool, livre avec ce disque une véritable « lettre de suicide »[10]. Peu apprécié de la critique, il se classe tout de même 7ème dans les meilleures ventes d'albums en Angleterre[11].

Le cinéaste anglais Ken Russell réalisa en 1975 Tommy, un film basé sur les chansons de l'album et constituant une mise en scène de l'opéra-rock imaginé par les Who.

Malgré l'échec de The Who By Numbers, les Who rejoignent le studio en 1978 pour enregistrer Who Are You, album plutôt expérimental comprenant plus de claviers que de guitares. Ce disque est pourtant une exploration sonore qui revient à un son plus gai et montre un regain d'intérêt du groupe pour la musique. Mais les Who sont coupés net dans leur élan par la mort subite de Keith Moon, le 7 septembre 1978, d'une overdose du médicament qu'il prenait pour traiter son alcoolisme galopant.

La seule actualité des Who les années suivantes est cinématographique : en 1979 sort un documentaire sur eux, The Kids Are Alright, dont l'excellente BO est plus tard disponible sur disque, et ils produisent la même année une version filmée de Quadrophenia, dans laquelle figure notamment Sting. En 1981 sort Face Dances, suivi l'année suivante par It's Hard. Ces deux albums au son très pop sont bien accueillis par la presse, mais moins par le public qui les boude. Townshend se sent de plus en plus mal à l'aise au sein du groupe, prend de plus en plus de drogues et finit par craquer et dissoudre les Who en 1982, interrompant une séance d'enregistrement pour expliquer aux autres musiciens qu'il « ne peut plus écrire pour les Who ».

Pendant près de vingt-cinq ans, les Who ne sortiront aucun album studio. Chacun se consacre d'abord à sa carrière solo, dont celle de Pete Townshend se révèle la plus ambitieuse jusqu'à Psychoderelict (énième concept-album) en 1993. Le leader guitariste sera ainsi le seul à reprendre sur scène avec le groupe quelques titres issus de ses propres disques.
Daltrey et Townshend en live en 2005
Daltrey et Townshend en live en 2005

Après la mort de John Entwistle en 2002, Un nouvel album studio est enfin enregistré en 2006. Baptisé Endless Wire et proposant notamment un mini-opéra de onze minutes, il est salué par une large critique[12]. Bien que plus introspectif et apaisé que leurs œuvres passées, ce disque très attendu motive avant même sa sortie (novembre 2006), une gigantesque tournée saluée comme le retour au son des années Who's Next.

L'actualité du groupe est également cinématographique. Roger Daltrey développe actuellement un long métrage (prévu pour 2009) qui devrait relater la vie de Keith Moon, intitulé See Me Feel Me: Keith Moon Naked For Your Pleasure[13]. Mike Myers est pressenti dans le rôle du batteur, et Nicolas Cage, fan de longue date, ou Tim Roth pourraient bien incarner Pete Townshend.

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